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Affichage des articles du octobre, 2017

DANSE - C'EST CONFIDENTIEL et CHRONIQUE DIPLOMATIQUE - Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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Léa Rault dans C’est confidentiel , la bataille elle la mène sur tous les fronts, de toutes les façons ; son énergie est infinie et sa puissance semble se décupler au fur et à mesure que progresse la danse … Résister, résistance ces vocables à la mode lui vont bien, son corps est en mesure de faire barrage aux assauts que l’on sent sourdre sur le plateau. Les formes qu’elle traverse sont multiples et se fondent dans la danse comme autant d’histoires à affronter. On sent la baroudeuse derrière chaque mouvement  et ce rien de féminité instinctive qui sait nous surprendre au détour d’un geste bref.   Léa Rault n’est pas uniquement une interprète, elle est réellement une performeuse au sens premier du terme tant son corps et sa danse s’unissent dans le développement de performances au service de la performance. Les sons vibrent amplifiés, distordus, le corps semble électrifié, les textes résonnent, l’espace s’agrandit, se rétrécit elle est là comme le maitre des cérémonies à u

DANSE - LES APPRENTIS SORCIERS – Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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Les apprentis sorciers -   Mais qu’est - ce que je pourrais bien faire ? Tout dans l’ado nous pose cette question ; son corps relâché mais prêt à bondir, cette capacité au rien qui pour lui est un lieu de construction, la relation à l’autre, miroir de lui-même. Dans « Les apprentis sorciers » de François Stemmer , les ados sont là sur le plateau skates basés au bout des bras comme un prolongement de leur corps. Musique, danse, fumée, lumière diffuse, 3 garçons, 1 fille, 1 musicien dégingandé, en grappe ou seuls, ils se cherchent, se trouvent et surtout jouent … Tout est prétexte à inventer à cet âge et le skate véhicule bien des possibilités. Du jeu de boule avec la planche aux acrobaties fulgurantes en passant par le jeu du béret avec casquette, l’objet quel qu’il soit sait accompagner leur quête d’existence. En apparence tout ça ne sert à rien si ce n’est à grandir et par le bien fondé d'un tel objectif toutes leurs actions sont belles. S’éprouver comme ils le font met e

DANSE - LE MOULIN DES TENTATIONS - Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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5 personnages dans une semi obscurité sont mus par le bassin. Leurs corps, traversés par une onde incessante, animés par la scansion d’une pulsation presque primitive se transforment et se déforment. Le mouvement s’installe, des modulations rythmiques apparaissent jusqu’à électriser les corps les mettant hors contrôle. Les interprètes soumis à cette déferlante semblent aux prises avec la comédie qui se joue en eux... De quoi sont faits les monstres  ? se demande Maxence Re y.  Ce motif du bassin traversera toute la chorégraphie jusqu’à en devenir l’élément central et fascinant. Tout viendrait - il de là, le pire comme le meilleur ? La chorégraphe dans son chemin vers l’étrangeté n’élude ni le lancinant, ni le laid, ni la durée et visiblement elle sait aussi que la trivialité fait partie de la vie. L’engagement du bassin, dont l’authenticité peut conduire à un paroxysme orgasmique, a pour mission de porter la figure du monstre sur le devant de la scène dans ce qu’elle a d’u

DANSE - « À bouche que veux- tu » Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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      « À bouche que veux- tu », le titre est alléchant, on s’imagine déjà en train de se préparer pour Le festin de Babette après quelques Baisers volés mais non étonnamment c’est de bâillements dont il va être question. La barre est haute. Si les éthologues associent généralement le bâillement à de la communication non verbale , avec pour signification sociale chez l'Homme un signal de fatigue ou d'ennui de l'interlocuteur, Sandra Abouav, elle, se situe du côté du physiologique et cette ouverture extrême de la bouche due à un cycle respiratoire paroxystique semble sa préoccupation . Ce moment singulier serait réprimé en société, la bouche obturée habituellement par une main jusqu’à faire perdre au bâillement sa fonction libératrice. Moi qui croyait que seule la bienséance guidait ma conduite et que comme pour la toux, mettre la main devant la bouche permettait d‘éviter bien des contaminations et relevait de la santé publique. Dont acte,

"La relation artiste - programmateurs" Table ronde organisée au 104 à Paris par la société de production Mitiki

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Créer c’est bien, mais une fois la création achevée le désir de tout artiste est d’être vu …   Du public bien sûr mais aussi et d'abord des programmateurs qui ont en charge la diffusion de spectacles dans les structures culturelles. Il est rare qu’un producteur privé s’intéresse à la danse, investisse sur un artiste, loue une salle. De fait le périmètre de diffusion de ce type de spectacles est essentiellement celui déterminé par les lieux institutionnels : scènes nationales, scènes conventionnées, théâtres de ville et les festivals de tous ordres, en sachant que les scènes nationales programment peu de danse et que les scènes conventionnées pour la danse sont au nombre de 29 sur le territoire … Face à cette situation, l’éternelle question des créateurs «  Comment entrer en relation avec le programmateur pour être programmé  » n’a pas encore trouvé de réponse claire malgré les stratégies élaborées par les uns et les autres. Participatio

KLISIS KLISEIS - Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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KLISIS KLISEIS - Louis Barreau 4 puis 5 puis 6 figures ou mouvements distillés au long de courses et de marches exécutées dans un espace circulaire, en quelques minutes le ton est donné, on est dans la répétition du même et de ses déclinaisons. Ce retour au répétitif réveille en moi les plaisirs d’une danseuse des années 70, mais pas que, heureusement… La retenue des corps, la neutralité des gestes posent en scène une poésie stimulante pour l’imaginaire. On se laisse aller à ce flux que l’on ressent infini et inaltérable. Aussi régulier qu’un cœur qui bat, le temps s’écoule. Souffle au cœur ? Arythmie ? Comme pour toute vie le désordre sait apporter les contretemps nécessaires à sa richesse. L’espace s’organise et se structure dans ses 3 dimensions sous les pas des quatre interprètes, un relief apparaît, disparait, le suspens est presque là. J’aime cette danse répétitive qui sait nous surprendre dans son économie de moyens et je serais bien restée dans cette sensatio

Journées Jeunes Pousses - Maison Maria Casarès - Alloue - 18 septembre

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Rencontres Jeunes Pousses - Maison Maria Casarès - Alloue le 18 septembre 2017 À sa mort en 1996 Maria Casarès a fait don de son domaine La Vergne au village d’Alloue en Charentes où il se situe. … La comédienne, originaire de Galice, souhaitait par ce geste « remercier la France de continuer à accueillir les étrangers comme elle l’a été ». Cette maison, acquise après le décès d’Albert Camus le 4 janvier 1960 dont elle semblait inconsolable, elle y a trouvé la paix et l'énergie nécessaire pour continuer à exercer son métier tout en s’attachant à une terre.       Le domaine s’étend sur plus de 5 hectares et on y pénètre par un portail imposant situé au bout d’une allée qui longe un marais. C’est à la fois une maison de maître, des communs, une grange, une chapelle, un pan de mur en pierres -reste des fortifications- qui s’ouvre sur la Charente, une barque, de la végétation à foison, des terres ….  Et des arbres dressés comme des sentinelles.     Que faire de ce

LA VIE EST UNE FETE ON DIRAIT... - Avis de turbulences #13 - L'Étoile du Nord Paris - 28 septembre au 26 octobre

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Avec Raymond Carver, le banal vire au fatal, les baisers aux morsures et chaque situation se présente comme un abime insondable. Intéressé par les modestes et les « populaires », il a fait de leur quotidien une œuvre élégante et efficace.   Réaliste et concis par essence, en quelques mots il décrit autant les tensions des protagonistes que le décor de leurs élans. Sophie Bosquet danseuse et chorégraphe aime Raymond Carver, son écriture et ses atmosphères, suffisamment fort et suffisamment bien pour le faire entrer dans sa danse… Sa dernière création La vie est une fête on dirait… nous donne à voir et son amour pour l’auteur et sa capacité à passer du mot au corps dans une forme d’abstraction - narrative parfaite pour notre imaginaire … Dans un décor aux lignes sobres, aux lumières crues qui créent des focus sur les éléments fondateurs de l’instant, et un découpage d’espace à la géométrie radicale (on se croitrait dans un tableau d’Edward Hopper), elle déroule la vie de 4