Journées Jeunes Pousses - Maison Maria Casarès - Alloue - 18 septembre


Rencontres Jeunes Pousses - Maison Maria Casarès - Alloue le 18 septembre 2017

À sa mort en 1996 Maria Casarès a fait don de son domaine La Vergne au village d’Alloue en Charentes où il se situe. … La comédienne, originaire de Galice, souhaitait par ce geste « remercier la France de continuer à accueillir les étrangers comme elle l’a été ». Cette maison, acquise après le décès d’Albert Camus le 4 janvier 1960 dont elle semblait inconsolable, elle y a trouvé la paix et l'énergie nécessaire pour continuer à exercer son métier tout en s’attachant à une terre.  
  

Le domaine s’étend sur plus de 5 hectares et on y pénètre par un portail imposant situé au bout d’une allée qui longe un marais. C’est à la fois une maison de maître, des communs, une grange, une chapelle, un pan de mur en pierres -reste des fortifications- qui s’ouvre sur la Charente, une barque, de la végétation à foison, des terres …. 
Et des arbres dressés comme des sentinelles.   
Que faire de cette maison ? Un tel héritage pour un village est autant une charge qu’un honneur. Après hésitations, études et consultations, Alloue décide que la maison de la comédienne deviendra celle des comédiens. Cette maison au passé attachant devient alors La maison du comédien un lieu d‘accueil et de création et plus précisément pour l’institution un Centre culturel de rencontres.  20 ans après si la maison d’habitations est restée telle que Maria Casarès l’avait laissée, les espaces extérieurs et les communs ont par contre été aménagés en logements, salles de répétitions, espace de travail… 
Depuis janvier 2017 Matthieu Roy et Johanna Silberstein fondateurs de la compagnie du Veilleur à Poitiers dirigent le lieu. Leur projet en adéquation avec l’esprit de la maison vise à accueillir en résidence des compagnies émergentes et à les accompagner dans leur développement. 
Le dispositif « Jeunes Pousses » est là pour ça. Il s’adresse à de jeunes artistes diplômés d’une école d’art, publique ou privée, depuis moins de 5 ans, porteurs d’un projet de création théâtrale… Un appel à candidature est lancé chaque année. Accueil en résidence de 4 semaines (gite et couvert compris), mise à disposition d’une salle équipée, présentation du travail en fin de résidence et un accompagnement personnalisé sont proposés en échange d’ateliers menés sur le territoire.     
Quatre compagnies ont bénéficié en 2017  d’un mois de résidence chacune et de tout ce qui va avec y compris le charme du lieu …

La présentation aux professionnels -organisée le 18 septembre- intitulée Rencontres Jeunes Pousses est un premier contact avec de futurs partenaires. Une quarantaine de « pro » de la région sont présents, attentifs aux propositions. Tout n’est pas abouti, 4 semaines c’est peu, mais on voit déjà se dessiner des esthétiques, des partis pris et des écritures. 
L'éveil du printemps
Marion Conejero a choisi de monter L’éveil du printemps de Franck Wedekind. Sa compagnie, Les chiens andalous, c’est 7 jeunes et 1 compositeur pleins d’entrain, de vigueur et de détermination. Elle puise dans leur élan vital pour traiter le sujet de façon moderne et a choisi de ne présenter que des extraits de séquences, en succession, sans transition. Ce côté haché lui (et leur) va bien. Ces adolescents confrontés à leur corps, à leur désir, à leurs questions pulsent et nous émeuvent. La pièce dans sa forme finie est longue -2h-  souhaitons qu’ils puissent garder sur la durée cet enthousiasme et cette jeunesse impatiente. Marion Conejero, la metteure en scène a 22ans. Formée au cours Simon et dans les stages de l’Aria elle a l’audace des autodidactes engagés…
 
Les enfantillages
Lara Boric, formée à l’école de théâtre de Limoges, parle du processus de création, d’une méthode basée sur l’épuisement, de l’école de Varsovie. Elle a des références précises et tient à nous les faire partager. Elle nous explique même un exercice.. Avec elle on est dans le concret ou peut être dans le Théâtre action des années 70 ... ... Danseurs autant qu’acteurs, les membres de son équipe ont l’air d’être livrés à un entraînement quotidien intensif basé sur l’endurance. D’ailleurs, la pièce qu’elle a choisi Les enfantillages d’après Gombrowicz est rude…  Un jeune soldat rêve de rentrer chez lui pour retrouver sa vie d’avant mais finalement ses espoirs se heurtent à un monde inconnu… Le groupe est soudé, une partie du texte est fixée et le reste relève de l’improvisation. Tous doivent compter les uns sur les autres et à la manière du freejazz savoir rebondir. Ce travail crée sur le plateau une atmosphère étrange ; la narration se déploie en éclats successifs et les acteurs jouent et se répondent comme si la liberté était leur seul dénominateur commun. Un batteur est là dans l’espace avec eux et l’on ne sait s’il guide, accompagne ou manipule ces êtres un peu ivres de leur vie. Sa présence est intense et nécessaire à ce parti pris fort inquiétant. Parler de soldat, de guerre, de perte de repères, d’abandon ce n’est pas une mince affaire …Le projet qui met en jeu l’art de l’instant demande encore un travail de la part de l’équipe pour que cette écriture résolument personnelle arrive à ses fins. À suivre.

Ce qu'on attend de moi / le monde me quitte
La musique des mots, du corps, des textes Ce qu’on attend de moi et Le monde me quitte nous y plonge sans nous laisser le temps de respirer. 1 comédien formidable et 3 musiciens, la force d’un texte et la beauté du son, Jeanne Desoubeaux musicienne, danseuse, metteure en scène a tout pour nous séduire. De la musique savante on entend la beauté, l’électro est à notre portée autant que l’acoustique …Mais ai-je vraiment entendu tout çà ? je ne sais pas mais pour Talking Head j’en suis sure… Les textes de Vincent Guedon Ce qu’on attend de moi -un homme fait le récit d'une prise d'otage. Il ne s'agit pas d'une banque. C'est une agence pour l'emploi- et Le monde me quitte sur la métamorphose sont merveilleusement traités, avec discernement dans les moyens utilisés et une mise en scène mesurée.
Petits effondrements du monde libre, la soirée s’achève par un diner à thème offert par le metteur en scène Guillaume Lambert. Ce diner sert de point de départ à des questionnements sur l’état du monde, sur notre capacité à échanger et à parler de nous avec simplicité et sincérité, à l’opposé de la vie rêvée étalée sur les réseaux sociaux. Le diner a été préparé et donné dans une salle des fêtes d’un village voisin partenaire.  
La Maison Maria Casarès – La maison du comédien ?  Bien bel endroit pour une rencontre !  


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Danse - Fêu - Fouad Boussouf - Théâtre du Rond Point - 20 octobre 2023

DANSE - festival JET LAG - L'étoile du Nord, Paris - ATTITUDE - 26 mai 2018

Aria - 20 èmes Rencontres Internationales de Théâtre en Corse - Pioggiola - Olmi Cappella - 5 au 12 août 2017