Lecture dansée - Le chateau des rentiers - Agnès Desarthe, Louise Hakim - La maison de la poésie - 30 septembre 2023

 

 

 

 Rue du Château des Rentiers, Paris 13^e, le 194 exactement, est plus qu’une adresse c’est là où s’est constituée une communauté singulière à laquelle appartenaient les grands parents d’Agnès Desarthe. Ils en étaient même à l’initiative ayant regroupé autour d’eux leurs amis d’enfance juifs d’Europe centrale. Dans une tour impersonnelle, l’appartement acheté sur plan,  a été le centre de ce qui s’est avéré être un phalanstère.

C’est cette histoire, que nous raconte avec tendresse Agnès Desarthe accompagnée de la danseuse Louise Hakim  dans la lecture dansée de son dernier roman  Le Château des rentiers

Louise Hakim nous fait part de cette expérience

 

ITW de Louise HAKIM

 

 

Comment en tant que danseuse - interprète abordez - vous le travail du rapport au texte lors d’une lecture faite par l’auteur

C’est la deuxième fois que nous nous retrouvons pour une lecture dansée ; Il y a eu précédemment L’éternel fiancé déjà à La maison de la poésie. Les premières interrogations qui s’imposent à moi sont : qu’est - ce que la danse peut apporter au texte, Agnès Desarthe a tout dit et, la question du rapport entre l’abstraction et la théâtralisation du geste dans la proposition. Comment combiner les deux sans être illustrative ou abstraite est le cœur du travail et bien définir l’intention du geste également. Ces moments de réflexion et de choix sont délicats. Entrer dans une histoire intime, revêt quelque chose de sacré, d’intimidant. Ma légitimité physique dans la lecture dansée Le chateau des rentiers vient du corps lui-même, à la fois porteur de sens, porteur d’imaginaire et intemporel…  

 

 Quelle est votre place dans cette lecture ?

Qui je suis est une question ! La narratrice, un personnage, une atmosphère en tout cas je ne colle pas au texte et je n’essaye pas d’être, disons, chronologique… Certains passages du texte m’inspirent mais je peux les faire vivre à d’autres moments que celui initialement prévu dans le récit. Le texte a son temps, la danse a le sien propre. J’ai une pratique du travail avec le texte avec le metteur en scène Vincent Goethals mais aussi avec Brigitte Seth et Roser Montillo Guberna et avec la metteuse en scène Elise Vigier notamment pour le spectacle « Anais Nin au Miroir » donné au festival d’Avignon dont le texte a été écrit par Agnès Desarthe à partir des Nouvelles fantastiques et des journaux d’Anaïs Nin. Je suis en fait danseuse – comédienne – chanteuse….

 

Quel processus de travail avez-vous adopté Agnès Desarthe et vous?

Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire… Tout commence par la lecture du livre bien sur. Puis j’ai choisi et apporté des musiques -Bach- et des rythmes pour organiser ma présence; Léonard Desarthe m' a accompagné dans ces choix. Méthodiquement nous avons fait un montage texte - musique, une structuration est apparue qui a défini nos présences. C’est assez simple mais finalement délicat, le texte (et le récit) doit rester l’élément fort. Les objets choisis pour la scénographie, les deux chaises et le miroir, sont en résonance avec le texte, le miroir dans le lequel on se regarde ou on se projette… Le miroir parle du temps qui passe, les deux chaises nous réunissent dans cet élan du temps. Ce choix du miroir vient de moi, c’est un élément formel qui est relié au texte. Il m’évoque une certaine pudeur, oser ou non se regarder. L’auteur se regarde à travers son histoire, le miroir apporte la réalité du présent. Ces moments dansés dans un jeu avec le miroir sollicitent l’imaginaire.  Il devient écran, porte, fenêtre ….  

 

 

 

 

Le chateau des rentiers - Agnès Desarthe - Editions de l'Olivier