Danse - Van Gogh, un dernier été - Semaine de la danse - Lavoir Moderne Parisien - 23 - 28 mai 2023

 

 

 

Du 23 au 28 mai avait lieu au Lavoir Moderne Parisien à Paris 18 une semaine de la danse annoncée comme « une semaine tremplin dédiée à la danse contemporaine et au hip hop ».  

 

La programmation réalisée suite à un appel à candidater donnait à voir des compagnies peu habituelles sur les scènes parisiennes. Un pari, une audace ou simplement un choix artistique. Les compagnies sélectionnées se sont ainsi partagé la semaine avec une ou deux représentations pour chacune. 

 

Carré Blanc Cie (chorégraphe Michèle Dhallu) compagnie historique de la région Occitanie avec Dans la boucle un spectacle pour enfant, la compagnie Kumo jeune compagnie parisienne de hip hop, le Laboratoire Robespierre, association Montreuilloise qui se distingue pour son gout pour les  créations mêlant différents arts, avec Zen to, la compagnie Mâle dont le trio féminin 40 né au Sénégal a été finalisé en Guyane et en Normandie, la compagnie le G qui proposait un spectacle léger et divertissant autour du personnage de Gainsbourg entièrement réalisé sur ses chansons et la compagnie Drive de Simhamed Benhalima, on le voit le spectre créatif était large.   

 

Van Gogh, un dernier été de la compagnie Drive nous a particulièrement intéressé tout d’abord par les interprètes 3 danseurs de hip hop et deux danseuses formées à la danse classique mais rompues à toutes les techniques. Lucie Dubois a dansé pour Amala Dianor mais aussi pour José Montalvo comme Éléonore Dugué et les garçons, Simhamed Benhalima, Florent Gosserez, Damien Bourtlesis ont accompagné le développement de la danse hip hop sur le terrain des battles comme au sein de compagnie telles Accrorap ou Vagabond crew.  

 

Sur le plateau, la qualité de la danse est là dès les premiers gestes, dès les premières postures. C’est évident, les corps savent se positionner dans cet espace aux deux poteaux et savent explorer les nuances du mouvement autant que sa richesse expressive pour nous faire entrer dans l’univers de ce peintre fou de la toile, au désir infini. Face à nous il n’y a pas un Van Gogh - ils le sont tous- mais Van Gogh réinventé par Simhamed Benhalima et son équipe. Un vocabulaire de gestes s’affirme peu à peu, des moments de tendresse nous touchent, une tête posée sur une main, des regards et des portés. Les figures du hip hop s’inscrivent dans ce contexte sensible sans peser sur l’ensemble du spectacle. On a l’énergie du hip hop avec ses mouvements saccadés mais aussi des ralentis et des suspensions qui nous permettent de rêver la folie du peintre, son amour de la peinture, les affres de la création. La fraternité qui lie Van Gogh à son frêre Théo est évoquée avec tact, la soif de produire qui habite le peintre emplit l'espace.

 

 

La technique des interprètes est au service d’une théâtralisation toute simple mais efficace, avec peut être juste un peu trop de « répétitif » et une reprise de séquence sur la durée pas toujours justifiée. Par moment la bande son d’Alexandre Dai Castaing, bien construite, nous livre des bribes de la vie du peintre, sa famille, son amour de la nature, sans nous couper des émotions que le chorégraphe veut nous transmettre. 

Cette équipe a du savoir - faire et a su produire avec les moyens qui sont les siens un spectacle touchant et mesuré dans ses ambitions.

 

Si tout n’est pas remarquable dans la programmation, l’engagement des artistes est par contre bien présent car ce petit théâtre parisien, aux nombreuses aventures, offre des conditions de programmation délicates : un grand et beau plateau mais avec deux poteaux, peu de places pour le public -40 environ- pas toujours confortables et des conditions d’accueil en coréalisation c’est-à-dire au partage de la recette.

Mais cette semaine est un début, laissons le temps au programmateur d’affiner son objectif. La danse a besoin de lieu pour être vue et exister.