Cirque - Les 7 doigts de la main - Passagers - Espace chapiteau La Villette - du 9 nov au 4 dec 2022

 

 

 

Jeunesse, virtuosité et tempo serré constituent la marque de fabrique de la compagnie « Les 7 doigts de la main ». C’est d’ailleurs pour ses qualités là que le public lui est fidèle. Les 9 interprètes de Passagers, leur dernier spectacle présenté à l’Espace Chapiteau de La Villette à Paris, le savent et ne dérogent pas à la règle. Et si certains des spectateurs ont déjà vu Traces en 2008, Psy en 2009 ou encore Cuisine & confessions en 2014, l’inventivité du groupe est telle qu’avoir rendez - vous avec eux est un bonheur.

 

Avant tout circassiens mais aussi danseurs et acrobates, ce collectif de filles et garçons met en jeu ces compétences diversifiées pour livrer un spectacle face auquel grands et petits ne boudent pas leur plaisir. Le thème du voyage sert de trame au défilement des numéros. La narration s’appuie sur chacun des personnages embarqués malgré eux dans ce train, réunis dans la promiscuité, vivant ce moment tiraillé entre espoir et désespoir.

 

La musique, les compartiments à l’ancienne avec porte bagages, des valises portées, lâchées, ouvertes et fermées force notre imaginaire. Des images projetées en fond de scène donnent du sens à cette expédition tout autant mouvement de l’âme que voyage. Les corps sont exceptionnels, malléables, passant du sol au ciel, associant finesse et puissance. Énergiques et sensibles ce sont eux le spectacle.

 

Du cirque traditionnel « Les 7 doigts de la main » garde la logique du numéro. Chaque interprète a sa spécialité : cerceaux, mât chinois, tissu, trapèze, contorsion, jonglage etc. Du cirque contemporain le collectif tire le principe d’une dramaturgie signifiante. Les deux approches s’emboitent alliant technicité, sentiment et narration. La contorsionniste devient pickpocket, le jongleur s’affiche joueur et naïf, le fildefériste rêveur. On parle un peu au micro pour raconter des moments de ce voyage tout autant déplacement que voyage intérieur qui est vécu sous nos yeux. Tous empreints d’un furieux désir de scène donnent la tonalité à Passagers.

La mise en scène de Shana Caroll est très réussie. Très chorégraphique,  seul ou ensemble, çà court, ça chute, ça tournoie. Les tableaux s’enchaînent a un rythme soutenu. Dans ce compartiment où une fois installé l’on peut s’ennuyer, dormir, rêvasser, chacun reste attentif à l’autre prêt à l’accompagner dans son numéro. Cette vigilance s’avère exceptionnelle lors du dernier tableau où sur un portique coréen, le porteur, retenu par la taille, engage le voltigeur dans l’espace pour la réalisation de figures aériennes à couper le souffle.

Tant d’atouts dans des corps si jeunes laissent rêveurs…