Danse - Sylvie Le Quéré - Zool - festival Signes de Printemps - Le regard du Cygne, Paris - 4 mars au 2 avril 2022.




Sur la scène un amas de papier, des journaux apparemment, çà bruisse, çà frémit. Dans le public l’intérêt pour cette forme s’installe progressivement, les jeunes spectateurs sont attentifs et se posent des questions : C’est un monstre ? De quel monstre s’agit - il ? Regards inquiets, rires, interrogations, les émotions bataillent face à cette chose qui convoque l’imaginaire.   

On entend sa respiration, et au-delà du papier journal on cherche un homme, une femme. Cette créature étrange déconcerte et chacun, comme un guetteur, reste en alerte à l’écoute du moindre signe. La pénombre, le relatif silence, l’accompagnement sonore bien pensé accentue l’aspect mystérieux de sa présence. Il ou elle bouge maladroit, cherchant ses appuis et ses repères.

 Zool est là 

De sa condition de mollusque il ou elle va passer, au fur et à mesure du déroulement du spectacle, à la posture debout, colonne vertébrale trouvée et apprivoisée comme élément fondateur de sa verticalité.

Les métamorphoses vont être nombreuses, chacune apportant son lot de références et de possibilité de projections. Adultes nous voyons l’Afrique et ses totems, la chine et ses serpents festifs, l’Inde et ses dieux et bien d‘autres figures mythologiques. On pense aussi à Nick Cave artiste plasticien formé à la danse chez Alvin Ailey connu pour ses Soundsuits magnifiques costumes sonores conçus comme des sculptures mêlant tissus, perles, boutons, papiers, objets en plastiques, jouets, matériaux de récupération inspirées des costumes traditionnels de l’Afrique autant que de la haute couture. 


Références anciennes, références contemporaines Zool est un tout.


Les enfants se laissent porter par les propositions, ils se racontent des histoires et laissent leur imaginaire construire le récit des péripéties de ce monstre de papier. La dynamique précise des mouvements du personnage les aide dans leur voyage. 

Le travail d’écriture complexe est magnifié par un corps sans faille et fiable. L’interprète sait manipuler accents, retenues, élans pour composer la partition vitale de cet être étrange. Des formes incongrues, des corps modifiés, des personnages apparaissent et disparaissent laissant la place aux souvenirs. Tous ces jeux de métamorphoses nous font plonger en nous - même ou simplement rêver.

Avec Zool, Sylvie Le Quéré manie les symboles avec aisance  et nous conduit à porter un regard poétique sur le monde et sur notre humanité.   

 

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