Danse - festival ZOA - 100ecs - Paris - 30 octobre 2021


 

 

ZOA – zone d’occupation artistique est un festival sans lieu et sans beaucoup de moyens financiers qui déploie sa proposition dans des lieux amis. Pour cette Dixième édition ZOA nous ballade encore : L’étoile du nord, La gare expérimentale, Le regard du cygne et le 100ecs…

Cette itinérance accentue la dimension découverte de sa programmation mais montre aussi la précarité dans laquelle évolue les artistes chorégraphiques jeunes et moins jeunes en recherche de publics. Comment faire exister son travail sans la présence de spectateurs, comment être programmé les premières fois sans une volonté militante à l’œuvre ?  Sabrina Weldman a choisi en 2012 d’accompagner ce qu’on appelle l’émergence ou tout du moins les artistes qui de manière souterraine irriguent le terrain chorégraphique de leur présence constante. Les grands plateaux ne sont pas pour eux mais le travail abouti ou non, intéressant ou non, souvent surprenant est là.

 Pour cette dernière soirée au 100ecs, sont présentées 3 propositions radicalement différentes les unes des autres qui marquent une fois encore la diversité de la création chorégraphique. Toutes 3 ont cependant en commun des allures d’études autour d’un sujet et marquent la volonté des chorégraphes à s’exprimer à travers une recherche personnelle.

 Laura Simi (danse) et Ettore Labbate (musique et éléments plastiques) mettent en jeu les fondamentaux de la danse -le mouvement, l’espace, le temps- sur une partition pour guitare des variations Goldberg de Bach jouée en direct.

Un homme - Une femme marchent, se cherchent, se saluent, endossent les rôles qui leur sont assignés. Tendre (30mn) s’installe sur le plateau. L’ARIA et 5 des variations Goldberg guident la danse dans ses élans, sa mobilité et ses inattendus. On apprécie la vivacité de Laura Simi qui à travers une danse singulièrement formelle donne du souffle à la musique tant entendue. Ses allers - retours sur une diagonale où un motif se répète et s’inscrit peu à peu sont séduisants. Sa manière de s'engager dans la danse donne du sens au geste pur et nous rappelle que mouvement, technique et expression font toujours bon ménage. Par contre l’utilisation d’un arc dans la seconde séquence est déroutant autant que les cartons sur lesquels des phrases significatives sont inscrites qui nous rappellent certains chanteurs ! Le dispositif est un peu scolaire, le musicien au centre, des objets déposés autour du plateau, un espace que la danse dessine en carré… Tout est forcément calculé et la rencontre musique - mouvement,  attirante dans sa définition, mériterait un peu plus de légèreté.  

 

Point de danseur ni de chorégraphe pour Olivier Boréel et Perrine Mornay mais un écran et une boite noire posée au sol pour Lumen texte (30mn). Un texte défile sur l’écran, la voix de l’artiste nous explique la situation. Nous allons lire, obéir, interagir et peut être découvrir soi et les autres. La performance est dans cette absence de corps et dans l’hyper présence des mots qui nous sont adressés. 

C’est rigolo, un peu insupportable, exagérément potache, finalement sans danger ! Le public toujours patient dans ces moments de doute accepte d'être là avec un je ne sais quoi dans la tête de il faut bien que jeunesse se passe, sans pour autant répondre aux injonctions entendues Un regret des lettres blanches sur fond noir seraient plus faciles à lire, et moins fatigantes pour les yeux. 

 

À l’opposé, le corps à outrance est le choix d’Eva Klimackova pour Melting times qui poursuit sa recherche sur la matière corps, enserrée dans un recoin du plateau. Dans cet espace limité, un angle, elle joue des articulations, du poids du corps et des appuis avançant dans une mobilité spécifique à cette contrainte spatiale. Elle semble centrée sur elle-même, happée par de petits mouvements et leurs cassures, loin de nous dans une relation intime avec elle même, sensuelle autant qu’organique. Tensions, nœuds, déformation son travail que nous connaissions nous semble un peu long, on se perd en route, on la perd en route …Dommage 

 Ces soirées aussi imparfaites soient - elle sont utiles aux artistes qui ont besoin de la confrontation au regard des autres pour avancer. Sensible à ce besoin le public présent -évidemment confidentiel- a assumé ce rôle avec bienveillance. 

 

 



 


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