DANSE - We Are Monchichi - Théâtre de la Ville - 5 au 10 mars 2019
L’humour au service de la raison…
En général je
n’aime pas les spectacles pour enfants. Je n’arrive pas à savoir à quel enfant
on s’adresse et souvent je ne comprends pas ce qu’on sollicite en lui : le
sens du beau, l’étonnement, la fantaisie, l’imagination… Parfois la démarche de
l’artiste s’arrête à lui plaire ou bêtement à lui apprendre, à démontrer,
etc. II est rare que simplement le partage de l’amour du geste ou du mouvement
soit au cœur de la création. Et pourtant, j’ai la faiblesse de penser que
l’envie de partager est la clé de la réussite d’un spectacle pour enfant
…

Mon regard est
neuf car je n’avais pas vu « mon chichi » à la création dansé par
Honji Wang et Sébastien Ramirez et mon esprit est disponible, la représentation
a lieu à 15h…
Un bonheur
m’envahit. Sur le plateau, c’est simple, gai et dès les « good after noon »
et « salam Aleïkum » lancés au public on sait que le voyage à travers
nos usages est bien parti.
Dans un décor délicat -un
arbre en fond de scène des éclairages qui soulignent le souci de légèreté- les
chorégraphes posent la question de ce
qui fonde notre identité et surtout comment peuvent faire couple deux êtres qui
n’auraient pas dus se rencontrer, tout du moins géographiquement. La diversité
c’est un sujet que les enfants parisiens connaissent bien et jouer avec les mots
aussi. Et c’est tant mieux car l’essentiel du spectacle repose sur la langue et
le langage, les habitudes culturelles et les plats favoris. Les pâtes et pizza s’opposent aux nouilles
chinoises, Shihya Peng et Marco Di Nardo s’apostrophent, « J’ai dit Basta!, et non pasta… », et l’origine
est au cœur du débat « Je ne suis pas chinoise, je suis taïwanaise »
…

Fabrice Mélquiot, auteur malicieux, a
réussi à glisser une goutte de racisme, une goutte d’éducation citoyenne, une goutte
de consommation et de mondialisation (les chinois travaillent beaucoup pour s’acheter du Chanel) et
une goutte d’humanité tant ces deux êtres ont la tendresse à fleur de peau…Bien sûr
dans ce jeu aux belles images j’y ai vu tout de suite du politique là où les
enfants restent dans le ravissement et l’émotion mais en fait je ne les crois pas
si superficiels que çà, et je pense que ce spectacle leur parle d’eux, de leur
quotidien, de la vie qu’ils affrontent au jour le jour et qu'ils le savent.
C’est pour ça que le
spectacle est réussi.
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Shihya Peng et Marco Di Nardo |
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