DANSE - Training- Festival Faits d'Hiver, Le carreau du temple - 23 et 24 janvier 2019



Marion Lévy - Training
Il y a des moments dans la vie où l’on franchit la ligne d’arrivée, où l’on sent qu’un parcours s’achève dont on ne savait pas toujours au départ de quoi il serait fait. La sensation d’être arrivée s’impose à nous, parfois très nette, heureuse ou douloureuse suivant la nature du chemin parcouru. Marion Lévy est sans doute confrontée à cet instant pour refaire avec nous dans Training un parcours à la façon d’un sportif qui regarde les images de ses courses :  se rassurer, se dire « oui, c’était bien çà ma vie », retrouver ce qui a pu animer notre passion et dompter nos désillusions…

Nous prend - elle à témoin d’un aveu, ou cherche – t - elle à nous faire part d'une identité qui serait sienne ?  Car le Training qu’elle nous propose est bien cette course d’obstacles divers et pervers à laquelle la femme (et la danseuse) s'est livrée et se livre encore abruptement n’éludant rien des bizarreries que la vie lui a concocté.
Les épreuves de l’âge, du poids, de la souplesse, des espoirs déçus, de la confrontation aux désirs de l’autre tout y passe. Humour et souffrance s’immiscent dans le récit, façon inéluctable de construire une identité. On pense à cet humour du désespoir qui encense la vie et qui permet à chacun de se relever de la tragédie. Avec Marion Levy d’une situation éprouvante surgit le rire mais aussi la dignité, comme si l’humour tout à la fois donnait de la force à l’épreuve et donnait de la force à la femme.

Mais il ne s’agit pas que de rire même si tout est fait pour tirer le spectacle vers le comique façon Muriel Robin. D'ailleurs tout n'est pas du meilleur gout dans la satyre mais le bon gout n'a rien à voir la dedans. Tout ce bric à brac sur le plateau construit un univers de sens dont il nous appartient de démêler les fils. La mise à distance des faits, nécessaire au comique, est bien là mais la mise à distance de la personne elle - même ne semble pas opérer. On se sent dériver vers une confession et l'on pressent que sous les rires déclenchés se cache une réelle douleur.

La question « Comment partager un bilan personnel sur un plateau en restant avant tout une interprète" reste en suspens.
Marion Lévy fait preuve d’une force de conviction, de qualités scéniques évidentes et d’une détermination à dire mais il y a comme un voile sur son propos.
D’où parle-t-elle ?
La dernière scène dans laquelle le cygne se prépare étriqué et ridicule dans son costume de scène révèle la fin d'un parcours.  Ce Clin d’œil final à Billy Eliott, qui dans le film entre en scène,  nous rappelle que ce n’est pas tant de la femme qu’elle voulait nous parler mais de la danseuse qu’elle est ou a été mais peut - elle les dissocier ?

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