DANSE - Dancing Dance for me - festival ZOA - L'étoile du Nord - 3O octobre 2018

Dancing Dance for me - Sun-A Lee
Sun - A - Lee est danseuse mais aussi comédienne, le projet qu’elle poursuit avec Dancing Dance for me, en témoigne car durant 40 minutes cinéma et danse vont se rapprocher à la recherche d’une nouvelle forme d’expression ; son corps et la danse servant de médiateurs.

La première séquence est parlante. Sun - A Lee arrive sur scène sac à dos, tapis, portable, tenue d’échauffement et installe sur le plateau l’atmosphère que tout danseur connait bien où cohabitent exercices, musique, appels extérieurs et lassitude. Elle est parfaite dans sa simplicité et efficace dans ce qu’elle nous dit d’elle : elle est danseuse. Sa présence est forte à travers un corps menu, souple à souhait mais empli d’une détermination à être là dans l’instant présent. Toute la recherche de son solo va passer par cette question : comment la femme que l’on voit à l’écran et la danseuse qu’elle est là devant nous sont en résonance ?  Son désir d'artiste consiste à organiser la rencontre entre sa présence (ou son rôle) dans le récit filmique et sa présence en scène, avec en arrière-plan, pour parler cinéma, la question comment se confronter à son histoire ou plutôt la regarder.

L’écran s’anime. Les dialogues sont en coréen sous titrés en anglais mais on la voit, elle, dans le court métrage du cinéaste Kyeong - yeob Choo qu’elle a tourné en 2014. 
L'image nous parle de rupture : son ex - amant (Jong -Hwan Park) lui demande d'improviser une dernière danse pour apaiser son chagrin... Elle le lui accorde et s'exécute dans une forêt enneigée. Tout le jeu consiste à revivre et faire vivre ces scènes dans une relation fine à l’image.
Ni imitation, ni interprétation mais un dialogue imperceptible entre elle sur l’écran et elle sur scène émerge du dispositif…Les images se confondent. Parfois on s’en éloigne et on cherche à comprendre le film, parfois on est happé par sa présence réelle. La séquence dans laquelle les deux Elle apparaissent de dos dans la neige dans une synchronisation parfaite pose la question du double ici magnifié ou idéalisé par la situation, de même lorsqu’elles portent le même manteau aux motifs repérables, que nous dit - on de la permanence des sentiments à travers le temps.
La présence dansée est là, le film parfois trafiqué décale le regard et laisse l’esprit vagabonder. Les scènes de voiture, pourtant on ne peut plus réalistes, autant que les pas dans la neige nous atteignent par la mélancolie assumée qui s’en dégage.

Je ne pense pas qu’on puisse adhérer d’emblée à cette proposition très personnelle mais il y a là un travail qui continue à nous habiter au-delà de la porte du théâtre. Les chemins du sens ou du senti nous échappent parfois. Ne soyons pas trop cartésiens.

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