CIRQUE - INSTABLE de Nicolas Fraiseau - Cie LES HOMMES PENCHÉS - Centre international des arts du spectacle - Académie Fratellini (Saint-Denis) La Plaine 93210 - 11 au 14 octobre 2018




Dans le grand chapiteau circulaire de l’Académie Fratellini, un plateau rectangulaire au centre de la piste. Un plateau bancal aux planches mal jointes, des pneus lui servent de cales…. Des filins, des câbles, une barre métallique gisent abandonnés sur le sol. Un jeune homme entre, regarde, vérifie du bout du pieds cet espace inhospitalier ; il l'inspecte soucieux … À quel jeu se livre - t - il ? 
Ce jeune homme, en recherche d’équilibre sur ce sol mal foutu, c’est Nicolas Fraiseau, artiste seul en scène qui, dans ce bric à brac, a l’air bien décidé à monter son agrès; visiblement un mat chinois. Mais tout tombe autour de lui et chaque tentative de soulever, élever, dresser se solde par un effondrement. Les éléments lui échappent comme les outils glissent des mains de l’apprenti. Peu à peu l’espace scénique ressemble plus à un bateau dans la tempête qu’à un lieu destiné à un exploit circassien…
   
Trouver son équilibre sur ce sol inconfortable est une gageure et la chute, inéluctable, ne peut s’empêcher de déclencher les rires.  D'ailleurs les enfants présents dans la salle n'aiment rien autant que la chute... 

Déséquilibre, chute, catastrophe spatiale, l’artiste avec sérieux déploie un principe comique à la Buster Keaton. La précision est au coeur de chaque situation et toujours le gag que l'on croit voir venir peut en cacher un autre.  
Acrobate talentueux, son jeu dramatique qui mêle la force de l'acteur burlesque et l'absurdité du clown provoque peur, rire et surprise. Les événements s'enchaînent en cascade et chaque situation qui se présente fait oublier la précédente. Réussir à démêler deux filins devient sous nos yeux périlleux et emboiter les deux éléments de son mât relève du prodige…Sans compter avec les planches sur lesquelles la construction repose qui semblent jouer un opéra.   

Nicolas Fraiseau

Mais que cherche - t - il à faire au juste dans cet espace où tout est de traviole et les filins mal tendus ?  Monter son mât certes mais aussi symboliquement affirmer sa capacité à rester debout et sans doute à Aller plus haut comme dit la chanson !   

Manier l’art du danger dans ce défi à la gravité avec autant d’obstination et d‘élégance le transforme à nos yeux en homme debout …  

Sa relation à l’agrès est superbe, toute en mouvements ralentis et continus… Nicolas se love au creux du mât, glissant juste ce qu’il faut pour étonner, allant dessus - dessous comme on tricote les yeux fermés, inversant les axes de la vie.

Pieds, mains, corps, silence… 
Finalement le mât se dresse sous nos yeux et quand il y monte façon cocotier, qu’il accroche un petit plateau de bois dérisoire en son sommet, y pose les pieds avec délicatesse et se dresse de toute sa hauteur… On évite le « tout çà pour çà » car cet instant là vaut bien toutes les chutes du monde   







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