Exposition Jan Fabre "Ma nation : l'imagination - Fondation Maeght - 30 juin au 11 novembre 2018



Des cerveaux, de salles en salles des cerveaux posés sur des socles, de matières, de dimensions et de couleurs différentes. On traverse, on regarde, on revient, on déambule sans but apparent si ce n'est une question : Que nous disent ces cerveaux ?  
La fascination s'installe et doucement on se sent pris par cette évidence : ces cerveaux sont à la fois l'essence de la vie et l'Objet central de l'humain. Le cerveau, cette machine fantastique qu'explore Jan Fabre depuis de nombreuses années, détient l'équation de la vie et de la mort.

Mémento Mori, la réponse est là dans ces mots:  Souviens toi que tu vas mourir.

Mourir oui, mais peut être ne pas mourir aussi définitivement qu'on le pense car chaque cerveau qu'il sculpte qu'il soit en marbre blanc ou en bronze doré est surmonté d'un insecte ailé ou non, ou de feuillages légers incarnant un possible second souffle de vie ou un chemin vers la  lumière.
Mais de quelle autre vie parle - t - il ?  Je suis un mystique contemporain .....

Dans ses recherches Jan Fabre n'avance pas sans compagnonnages. Il a des fidélités. Dans la salle des cerveaux en marbre blanc de Carrare, deux gisants organisent l'ensemble présenté: Konrad Lorenz et Elizabeth C Crosby, biologistes et éthologues qui fascinent l'artiste. Son père et sa mère sont là également :  un cerveau à l'endroit - l'autre à l'envers pour montrer la complémentarité des être. Jan Fabre leurs doit sa curiosité et sa carrière d'artiste.

Au détour d'une pièce deux cerveaux transpercés par une flèche comme le sont deux coeurs dans l'imagerie populaire, donnent espoir et disent à l'envie que l'amour est bien une histoire de Coeur, de Corps et de Cerveau...


Cette exposition faite sur mesure pour la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence met en regard la science, l'art mais aussi la religion qu'il continue d'interroger d'oeuvre en oeuvre. Les recherches sur la neurologie lui ont ouvert les portes d'une représentation poétique du cerveau humain, la religion lui apporte le sacré qu'il ressent dans l'homme. 
Dans la cour Giacometti Hommes qui marchent, Grande femme, le chien ont fait place à une interprétation de la Piétà de Michel Ange.  L'artiste vêtu d'un costume mais pieds nus, une main posée sur un cerveau a pris la place du Christ dans les bras de la vierge. Installée sur un socle doré, accompagnée de 4 oeuvres monumentales en marbre blanc, cette Piétà semble nous interpeller  "De quoi sommes nous faits"... 
Mercifuldream est d'une beauté saisissante et pourtant lors de sa première présentation à la Biennale de Venise en 2011, on a presque crié au scandale si ce n'est au blasphème. Tout l'art de Jan fabre est là dans sa capacité à s'emparer d'évidences en en montrant les limites autant que les interrogations qu'elles soulèvent. 
Les questions existentielles qui l'animent et qu'il aborde à travers l'ensemble de son oeuvre restent finalement celles qui nous rassemblent tous : qui sommes nous, de quoi somme  nous faits, à quoi sommes nous destinés. L'art est son chemin fait de souffrance, de raison et sentiments, de passion, de sauveur, d'ange de la mort.... 

Je crois au modèle du Christ ...
Pour moi le modèle du Christ est plus important que mon travail. en acceptant ce modèle, on peut créer d'autres modèles (...)
Jan Fabre 



À noter : Jan Fabre dessine toutes ses oeuvres puis en confie la réalisation aux marbriers de Carrare qu' il supervise durant toutes les phases de fabrication.

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