DANSE - Flood - Daniel Linehan, Cie Hiatus - Centre Georges Pompidou -17 au 20 janvier 2018




Que met-on sur un plateau sa recherche ou le résultat de sa recherche ?
Face au spectacle Flood de Daniel Linehan, la question peut être posée… On entre dans la salle, 1 écran, 1 danseur sur le plateau puis 2 qui regardent la salle, nous regardent… Des présences. Deux autres vont entrer puis d’apparitions en disparitions, le mouvement des corps s’installe dans l espace accompagné de sons, de la voix des danseurs en fait car chaque geste fait l’objet d’un son particulier. Ces sons et ces mouvements vont revenir en boucle cherchant à créer une saturation de l’espace physique et sensoriel…

Flood
Pour parler du tout, du trop, du trop-plein, d’envahissement et de déferlement Daniel Linehan utilise un des fondamentaux de la danse le temps ici sous la forme de vitesse c’est-à-dire du rapport entre temps et distance parcourue qu’il déplace en temps et nombre de mouvements exécutés…. Une phrase se déploie dans un temps donné puis est redansée ou redonnée dans des temps de plus en plus courts… Cet exercice de relation au temps bien connu de tous les élèves amateurs comme des professionnel crée effectivement une accélération et de fait un embouteillage du mouvement dans l’espace. Ce concept, intéressant comme « étude » certes, est-il suffisant pour nourrir l’intérêt d’un spectateur ? Pas sûr.

Pour en confirmer la validité, le chorégraphe met en jeu les sons produits par les danseurs. Ces sons, principalement émis par la voix guident chaque geste en y imprimant un timbre et une sonorité ; en revenant de façon répétitive dans des durées de plus en plus brèves ils créent une sorte d’exaltation qui, il est vrai, devient envahissante. Le corps est ainsi envisagé dans sa globalité, le danseur est pris dans l’action de « faire » … un geste, un son, prisonnier d'un temps donné, d’entrer et de sortir du jeu …
  Où sommes - nous exactement ? 3 thèmes se superposent :  apparitions - disparitions, corps et sons et accélération …. Sommes-nous face à une écriture chorégraphique dénonciatrice d’un monde sans issue, face à une expérience physique et sensorielle de type « être ou ne pas être », face à une approche ludique du corps et de ses possibles ? On pense au travail de Claire Renard* dont le gout de l’expérimentation s’est exercé dans des ateliers dénommés Le geste musical donné au centre Pompidou pendant de nombreuses années, ou encore à Georges Aperghis et son théâtre musical… mais là présentement, contenu et contenant semblent s’entrechoquer pour parler du monde d’aujourd’hui en perpétuel mouvement …

Centre Georges Pompidou 
Les danseurs sont de bons techniciens, un peu trop même, ce qui ne permet pas au charme d’apparaitre et cette danse qui voudrait témoigner du déséquilibre causé par un déluge d’informations reste solide et bien stylée… Des jeux d’enfants apparaissent, de petites marches et courses façon russe, des contacts et rencontres plus intimes comme des instants volés…  

Habitué à la performance, c’est-à-dire à une danse qui nait de l’expérience de l’instant,  Daniel Linehan avec Flood reste un peu dans l’entre deux de l’écriture et de l’expérience physique.
Mais surtout le discours intellectuel semble avoir pris le pas sur la danse.    



*Claire Renard a fait ses études de musique électroacoustique auprès de Pierre Schaeffer au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (1973),


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