THÉÂTRE - ELLE VOULAIT MOURIR ET ALLER À PARIS de Joachim Latarget et Alexandra Fleischer - Carreau du temple - 8 au 14 janvier 2018



Alexandre Théry, Daphné Koutsafti,  Alexandra feischer, Zmmanuel Matte

D’une vie peu ordinaire qu’on suppose être celle de sa mère, Joachim Latarget fait un spectacle à la forme peu banale. On s’attend à entendre une histoire, à entrer dans la vie de cette femme grecque mais aussi française, à en vivre le parcours et les détours comme dans un road movie mais non la narration est plus subtile. D’ailleurs Il ne faut pas chercher du côté du texte une quelconque écriture car celle-ci est ailleurs. 
Sur le plateau çà joue, çà danse, çà fait de la musique. Deux comédiens, un danseur, une danseuse - comédienne, un auteur-compositeur-metteur en scène livrent le récit en puisant chacun dans leur discipline une parcelle de sens. La vie de cette femme nous est révélée entre scènes réalistes originelles, récit linéaire intermittent et moments corporels et musicaux dynamiques. 
Sur le plateau deux espaces, une pièce d’un appartement, et le lieu du musicien conteur par instant. L’ici et l’ailleurs, ce dont on se souvient ici et ce qui s’est passé ailleurs. Deux images d’une même histoire. Une vie écartelée en sorte. Dans l’un, on joue les scènes du passé, la colère du père face à sa fille un peu trop dévergondée à son gout (elle aime embrasser les garçons), les comportements du frère traitre à ses heures, la proposition insolite d’un couple de français qui embarque chez eux une adolescente de 14 ans pour lui éviter la mise en pension dans un couvent ; dans l’autre on nomme la succession des événements.

Il est question d‘honneur, de bonne conduite, du regard des autres, mais aussi de départ et du déracinement qui va teinter la vie de cette femme de la couleur de la perte. Perte des repères d’abord, de la structuration familiale, de la langue, des origines… Et c’est là où la pièce est intéressante tant elle met en jeu la complexité de cette question de l’identité. De quoi sommes - nous faits, de quoi sommes - nous porteurs. 
Dans cette histoire la jeune fille danse,  la danse classique en Grèce, le sirtaki à Paris puis ne danse plus…… On quitte un chez soi pour un ailleurs sans jamais vraiment trouver un ailleurs à soi. L’errance semble avoir tramée cette histoire comme si le déracinement avait provoqué une errance identitaire, spatiale, affective, culturelle. 

Joachim Latarjet est musicien et la musique est importante dans ce spectacle, elle est là présente dans des tonalités mélancoliques teintées d’exil. Les corps dansants aussi prennent leur place et impriment l’espace de leur vitalité. Malgré tout on peut regretter que face au texte le jeu dramatique reste classique et déclamatoire. Mais dans la relation au public, les comédiens vont pouvoir prendre leurs marques.  
À partir d'une histoire qu'il devine plus qu'il ne connait Joachim Latarjet a écrit une fiction mais on le sait, par essence la mémoire est toujours fictionnelle... Il reste que cette fiction mise en scène est touchante. 

Contact
Compagnie Oh!oui
https: //ohoui.org



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