
Ne rien attendre et tout espérer
… La surprise, l’étonnement, les regrets, la satisfaction d’une soirée bien
employée, les découvertes c’est tout çà l’effet Sauvages.
Ce rendez - vous installé depuis plusieurs
années au Regard du cygne à Paris a lieu deux fois par an en automne et au
printemps. Pensé comme un moment d’expression ouvert,
Les spectacles sauvages -de leur vrai nom- offrent la possibilité à
de jeunes et moins jeunes de montrer leur travail, leur création en cours, une
étape de leur réflexion chorégraphique dans un format de 15mn maximum.
Tout
est possible si qualité il y a et les soirées des 9 et 10 novembre ont été un
bel exemple de la diversité présente dans la danse aujourd’hui et des chemins
de création arpentés par la jeunesse.

L’acte théâtral au cœur du propos
domine
la soirée du 9 novembre. On parle, on a recours au
texte et au principe de la situation dramatique portée par le corps ;
s’exprimer et exprimer…
Un po di piu, Zoé – Lorenzo, un
homme - une femme dans une relation qui oscille entre tendresse, esprit joueur
et inconnu. Les corps s’espionnent, se regardent avec intérêt, la danse est
acérée, rapide, précise. Sont-ils dans l’incommunicabilité ou dans la recherche
d’eux même. Un texte lu par Elle, un texte lu par Lui, un jeu fraternel s’installe
entre eux dont ils sortent gagnants.
Sans
aucune ironie
L’espace d’un temps me fait penser à une
danse de gestes signifiante et un rien impérieuse. Léa Leclerc
marche d’un pas décidé, un mouvement circulaire d’un doigt réalisé dans le
creux de l’autre main occupe son esprit. Habillée simplement, elle attire par
ce geste précis et ces gestes petits et mécaniques réalisés dans l’espace de
son corps -comme pour elle-même- qui résument à la fois sa question et sa
quête.
Critique de la société, réflexion
sur la condition humaine, la danse est hachée, le phrasé n’est pas d’actualité.
On pense. Le texte qu’elle a choisi de faire entendre nous conduit à réfléchir
avec elle. L’écriture de cette danse à message est plutôt convaincante malgré une
rythmicité obsessionnelle un peu aride. Deux propositions plus singulières
suivent. On découvre Katia Domont allongée sur le ventre comme échouée dans un
nulle part ; le poids du corps joue son rôle de maître du jeu. De
mouvements, en marches, en déplacements, en gestes, un principe rythmique
installé par les qualités tendu - relâché parcourt la danse jusqu’à nous faire
sortir de
L’ornière (titre du solo) avec un sourire.
Les bottes roses de Lucie Verbrugghe prêtent aussi à
la gaité. On a le temps de les admirer grâce à ses magnifiques grands pliés
seconde. Mais pas que, cet accessoire devient le lieu d’une contemplation plus
subtile, en cachant le bas de jambes Lucie nous en fait rêver. Les qualités
d’interprétation développées dans Martin(e), les changements
d’intention francs font de ce cours solo un moment séduisant.
Et
si la gifle révélait la chair et sa nature sonore ? D’entrée, la rythmique
de la gifle et le rouge de la joue cheminent ensemble à la recherche de
sonorités dans
Palma d’Ana Paula
Gusmao. Cet acte violent répété jusqu’à la rougeur n’est pas là un acte
masochiste, il résonne d’un son mat et douloureux et s‘affirme comme source de
son. Cette recherche sur le son du corps tient lieu de fil rouge au solo. On
passe par le flamenco, les rires, les paroles incongrues en diverses langues. Le
corps joue, développe des phrasés sur fond de percussion, parle de blessures…
Le texte et ses mots le corps et ses maux.... Apparait alors le jeu de mon enfance et sa ritournelle « tête – épaule –
jambes - pieds ». Je souris. Merci.
Ces essais qu’ils soient aboutis
ou non revigorent notre regard sur le travail du danseur – chorégraphe et remettent
à jour la volonté de dire avec le corps. Tant mieux.
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