DANSE - LES SPECTACLES SAUVAGES - Le regard du cygne - 9 novembre 2017


Ne rien attendre et tout espérer … La surprise, l’étonnement, les regrets, la satisfaction d’une soirée bien employée, les découvertes c’est tout çà l’effet Sauvages.  Ce rendez - vous installé depuis plusieurs années au Regard du cygne à Paris a lieu deux fois par an en automne et au printemps. Pensé comme un moment d’expression ouvert, Les spectacles sauvages -de leur vrai nom- offrent la possibilité à de jeunes et moins jeunes de montrer leur travail, leur création en cours, une étape de leur réflexion chorégraphique dans un format de 15mn maximum.
Tout est possible si qualité il y a et les soirées des 9 et 10 novembre ont été un bel exemple de la diversité présente dans la danse aujourd’hui et des chemins de création arpentés par la jeunesse.

L’acte théâtral au cœur du propos domine la soirée du 9 novembre. On parle, on a recours au texte et au principe de la situation dramatique portée par le corps ; s’exprimer et exprimer… Un po di piu, Zoé – Lorenzo, un homme - une femme dans une relation qui oscille entre tendresse, esprit joueur et inconnu. Les corps s’espionnent, se regardent avec intérêt, la danse est acérée, rapide, précise. Sont-ils dans l’incommunicabilité ou dans la recherche d’eux même. Un texte lu par Elle, un texte lu par Lui, un jeu fraternel s’installe entre eux dont ils sortent gagnants.  Sans aucune ironie L’espace d’un temps me fait penser à une danse de gestes signifiante et un rien impérieuse. Léa Leclerc marche d’un pas décidé, un mouvement circulaire d’un doigt réalisé dans le creux de l’autre main occupe son esprit. Habillée simplement, elle attire par ce geste précis et ces gestes petits et mécaniques réalisés dans l’espace de son corps -comme pour elle-même- qui résument à la fois sa question et sa quête.  Critique de la société, réflexion sur la condition humaine, la danse est hachée, le phrasé n’est pas d’actualité. On pense. Le texte qu’elle a choisi de faire entendre nous conduit à réfléchir avec elle. L’écriture de cette danse à message est plutôt convaincante malgré une rythmicité obsessionnelle un peu aride. Deux propositions plus singulières suivent. On découvre Katia Domont allongée sur le ventre comme échouée dans un nulle part ; le poids du corps joue son rôle de maître du jeu. De mouvements, en marches, en déplacements, en gestes, un principe rythmique installé par les qualités tendu - relâché parcourt la danse jusqu’à nous faire sortir de L’ornière (titre du solo) avec un sourire. Les bottes roses de Lucie Verbrugghe prêtent aussi à la gaité. On a le temps de les admirer grâce à ses magnifiques grands pliés seconde. Mais pas que, cet accessoire devient le lieu d’une contemplation plus subtile, en cachant le bas de jambes Lucie nous en fait rêver. Les qualités d’interprétation développées dans Martin(e), les changements d’intention francs font de ce cours solo un moment séduisant. Et si la gifle révélait la chair et sa nature sonore ? D’entrée, la rythmique de la gifle et le rouge de la joue cheminent ensemble à la recherche de sonorités dans Palma d’Ana Paula Gusmao. Cet acte violent répété jusqu’à la rougeur n’est pas là un acte masochiste, il résonne d’un son mat et douloureux et s‘affirme comme source de son. Cette recherche sur le son du corps tient lieu de fil rouge au solo. On passe par le flamenco, les rires, les paroles incongrues en diverses langues. Le corps joue, développe des phrasés sur fond de percussion, parle de blessures…  Le texte et ses mots le corps et ses maux.... Apparait alors le jeu de mon enfance et sa ritournelle « tête – épaule – jambes - pieds ». Je souris. Merci.

Ces essais qu’ils soient aboutis ou non revigorent notre regard sur le travail du danseur – chorégraphe et remettent à jour la volonté de dire avec le corps. Tant mieux.     

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